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Pensez-vous que votre niveau d’intelligence est une caractéristique de votre personnalité qui est fixe et ne peut être changée ?
Ou pensez-vous que vous pouvez développer votre intelligence ?

Les croyances que nous avons sur notre intelligence, et la capacité à la faire évoluer ou non, influencent profondément nos actes et notre réussite.

C’est la thèse défendue par Carol Dweck, professeure américaine de psychologie sociale à l’Université Stanford.
Carol Dweck a consacré ses recherches à l’étude de l’intelligence et de la personnalité.
Ses théories ont été popularisées grâce à son livre « Mindset : The New Psychology of Success » publié en 2006, traduit en français sous le titre « Osez réussir ! Changer d’état d’esprit ».

Elle y explique comment une simple croyance peut transformer votre fonctionnement psychologique et donc votre vie.

 

1. Les états d’esprit selon Carol Dweck

Carol Dweck distingue deux états d’esprit :

  • L’état d’esprit fixe (fixed mindset)
  • L’état d’esprit de développement (growth mindset)

Chacun de ces états d’esprit se caractérise par des croyances que l’on a sur l’intelligence et nos capacités :

état d'esprit fixe (fixed mindset)
état d'esprit de développement (growth mindset)
Je crois que mon intelligence, mes qualités, mes capacités sont fixes, déterminées une fois pour toutes à la naissance.
Je crois que mon intelligence, mes qualités, mes capacités peuvent être développées grâce à l’effort.

Il faut bien comprendre que l’état d’esprit fixe n’empêche pas de croire en la possibilité d’apprendre de nouvelles choses – mais il pense que l’intelligence est un don, un talent, qu’on a ou qu’on n’a pas, et surtout dont le niveau est immuable, déterminé par nos gênes.

A l’autre bout du spectre, l’état d’esprit de croissance ne nie pas le fait qu’on puisse avoir certains dons ou talents innés, mais il croit que ces dons peuvent être développés par le travail et l’effort, et que c’est ce développement qui fera la différence et mènera au succès, bien davantage que le talent inné.

Un peu d’histoire : de la phrénologie au QI

Historiquement, on a toujours été tenté de trouver des causes déterministes qui pourraient expliquer les différences entre humains, entre leurs accomplissements et leurs comportements.

On a cherché des explications dans la forme du crâne (d’où la « bosse des math ») ou dans les gênes. Y aurait-il un déterminisme du génie ? un déterminisme du criminel ?

D’autres ont cherché des causes dans l’éducation, l’environnement, etc.

Contrairement à des idées reçues, Alfred Binet, l’inventeur du test de QI, ne croyait pas que le QI soit une mesure absolue de l’intelligence !

Au contraire, il s’agissait à l’origine de repérer les enfants qui ne progressaient pas avec le programme scolaire classique, pour pouvoir mettre au point d’autres méthodes qui se révéleraient plus efficaces.

Il écrit ainsi dans son livre Les idées modernes sur les enfants (1909) : « avec de l’exercice, de l’entrainement, et surtout de la méthode, on arrive à augmenter son attention, sa mémoire, son jugement et à devenir littéralement plus intelligent qu’on ne l’était auparavant ». 

Aujourd’hui, les scientifiques s’accordent pour dire que les deux jouent un rôle : l’hérédité et l’environnement. La thèse de Carol Dweck est que l’hérédité n’a qu’un rôle très mineur – et que la clé réside dans ce qu’on va faire de nos capacités.

2. Comment votre état d’esprit affecte votre comportement et vos chances de réussite

Selon Carol Dweck, vous percevrez différemment la réussite, l’échec et l’effort selon que vous ayez l’état d’esprit fixe ou de développement – et cela aura des conséquences importantes sur votre comportement :

état d'esprit fixe (fixed mindset)
état d'esprit de développement (growth mindset)
Si je réussis, cela prouve que je suis intelligent·e, doué·e.
La réussite ne me définit pas.
Si j’échoue, cela signifie que je suis nul·le, que je suis un·e raté·e.
L'échec ne me définit pas.
L’échec est vécu comme un rejet. Pour protéger mon ego, pour ne pas apparaitre « nul·le » aux yeux des autres, je vais alors avoir tendance à trouver une cause extérieure pour justifier mon échec.
L’échec peut être douloureux, mais je le perçois juste comme un obstacle à surmonter. J’assume ma part de responsabilité dans l’échec, je me remets en question.
Si je dois faire des efforts pour réussir, c’est que je ne suis pas assez intelligent·e. L’effort est mal perçu.
L’effort est ce qui me permet de progresser et de réussir. L’effort est valorisé.
Si j’ai échoué, c’est que je n’ai pas les capacités, alors à quoi bon travailler plus ? L’échec va me conduire à faire moins d’efforts.
Face à un échec, je vais travailler plus pour mieux réussir la prochaine fois (résilience). Je vais analyser mes erreurs et apprendre pour progresser.
Je préfère m’attaquer à des problèmes plus faciles pour être sûr·e de réussir, de ne pas échouer et ainsi de protéger mon ego.
J’aime les défis. J’aime apprendre, j’aime la difficulté. Les défis me renforcent. Ils me font progresser.

On comprend bien ainsi comme les personnes à l’état d’esprit de développement ne vont avoir de cesse de relever des défis, de faire des efforts et comment cela va maximiser leurs chances de réussite.

Tandis que l’état d’esprit fixe va conduire à baisser les bras très vite et stagner, ce qui a peu de chance de conduire à la réussite, quel que soit notre talent initial.

Nuance

Carol Dweck précise dans son livre que l’on peut avoir un état d’esprit fixe dans un certain domaine et de développement dans un autre – par exemple croire que l’intelligence peut être développée mais penser qu’on a un don artistique ou qu’on ne l’a pas.

Elle indique aussi que cette dichotomie en 2 états d’esprit est une version simplifiée de la réalité, pour aider à comprendre. En pratique, on est souvent un peu entre les deux, la balance pouvant pencher plus fort d’un côté que de l’autre.

3. Ecole, sport, monde du travail : comment l’état d’esprit conduit à la réussite ou à l’échec

Carol Dweck applique sa théorie de l’état d’esprit à différents domaines : sport, entreprise, relations humaines, enseignement, etc.

Il ne s’agit pas seulement d’intelligence, mais aussi de capacités sportives, de talent artistique ou de compétences managériales.

Les recherches de Carol Dweck s’appuient notamment sur des sondages et études réalisées sur plusieurs années auprès de différentes populations, en particulier d’élèves de différents âges.

Elle interroge les élèves, étudiants ou étudiantes sur leur vision de l’intelligence et de leurs capacités, ce qui permet de savoir quel est leur état d’esprit, puis elle observe leurs résultats sur les années qui suivent.

Pour le domaine de l’entreprise, elle fait référence au livre « De la performance à l’excellence » de Jim Collins qui analyse les succès et échecs d’entreprise sur plusieurs années, et met en avant le rôle fondamental de l’état d’esprit du ou de la leader.

Elèves : école et université

état d'esprit fixe (fixed mindset)
état d'esprit de développement (growth mindset)
Face à une mauvaise note, je vais étudier moins – et même dans certains cas chercher à tricher ou mentir pour protéger mon ego.
Face à une mauvaise note, je vais redoubler d’effort, étudier davantage et rapidement progresser.
L’important est de paraitre intelligent, pas de le devenir vraiment.
L’important est de s’améliorer pour devenir plus intelligent.
Cette attitude va me conduire à stagner.
Cette attitude va de fait me conduire à progresser et obtenir de meilleures notes.

Leaders : monde de l’entreprise et des affaires

état d'esprit fixe (fixed mindset)
état d'esprit de développement (growth mindset)
Je vais chercher à paraitre parfait·e aux yeux des autres.
Je vais me remettre en question.
Je vais m'entourer de « courtisans », de personnes qui m’admirent et ne vont pas m’aider à me remettre en question. C’est ce que Carol Dweck appelle « la maladie du PDG ».
Je n'ai pas peur de m’entourer de personnes meilleures que moi. Je facilite l’écoute et la communication, au sein de l’entreprise, et vis-à-vis des clients.
Cela va me conduire à des choix de succès à court terme qui menaceront l’entreprise à long terme et pourront la conduire à la faillite.
Cet état d’esprit de leader qui croit en le potentiel humain et de développement va conduire plus sûrement à un succès commercial durable.

Sport de haut niveau

état d'esprit fixe (fixed mindset)
état d'esprit de développement (growth mindset)
Je crois en un talent sportif inné, un don physique, d’autant que les différences physiques innées de taille, carrure etc. sont très visibles.
Je crois que le don inné n’est pas déterminant pour la réussite et que c’est avant tout l’effort et la persévérance qui va faire la différence.
Je refuse l’échec, j'ai tendance à accuser les autres.
Les échecs sont perçus comme motivants, ils me poussent à progresser.
Cette attitude rend difficile d’atteindre les sommets et encore plus d’y rester.
Cette attitude me conduit à me dépasser, ne jamais abandonner et réussir des exploits dont personne ne me croyait capable.

Exemples de personnalités

Carol Dweck illustre l’impact profond de l’état d’esprit sur la réussite dans ces domaines variés par des exemples célèbres.

Elle cite notamment Wilma Rudolph, « la femme la plus rapide sur Terre », qui a gagné 3 médailles d’or au sprint et relais aux jeux Olymapiques de Rome en 1960.

Et ce alors même qu’elle s’était retrouvée à l’âge de 4 ans quasi paralysée de la jambe gauche suite à une maladie et qu’elle a dû porter une prothèse métallique pendant 8 ans !

Carol Dweck cite également Bruce Jenner, médaille d’or en décathlon aux Jeux Olympiques de  1976 : « si je n’avais pas été dyslexique, je n’aurais probablement pas gagné les Jeux. Si j’avais été un meilleur lecteur, alors cela serait venu facilement […] et je n’aurais jamais réalisé que la seule façon d’avancer dans la vie, c’est de travailler dur.»

4. D’où viennent les états d’esprit ?

Votre état d’esprit trouve son origine dans l’éducation que vous avez reçue, votre environnement social, la famille, l’école.

Par exemple, on a pu être étiqueté très tôt comme « bon élève » voire « surdoué » ou « mauvais élève » au contraire.

Paradoxalement, les étiquettes positives ont un revers de la médaille contreproductif : si on répète à un enfant qu’il est génial, si on le félicite pour son intelligence ou son talent plutôt que les efforts fournis, on va l’enfermer dans un état d’esprit fixe. Il va alors craindre l’échec et être poussé à mettre son énergie à paraitre intelligent plutôt qu’à travailler pour s’améliorer réellement.

Si l’état d’esprit de développement permet bien plus sûrement et durablement d’atteindre la réussite, comme Carol Dweck nous l’explique, cela donne bien sûr envie de l’adopter.

Est-ce possible ? Comment faire ?

Heureusement, bonne nouvelle : vous pouvez changer d’état d’esprit !

5. Libérez votre potentiel avec le bon état d’esprit

Comment changer d’état d’esprit

Le premier pas, peut-être le plus important, est la prise de conscience, ce que Carol Dweck appelle « une expérience de type Eureka ». Le simple fait de savoir que nos croyances, notre état d’esprit ont un tel impact sur notre vie et nos chances de réussite peut suffire à débloquer nos capacités et transformer notre vie.

C’est ce que démontrent les expériences qu’elle a menées en milieu scolaire avec des ateliers suivis par les élèves en parallèle de leur cursus scolaire, consistant à leur expliquer le fonctionnement du cerveau, les états d’esprit, et leurs conséquences.

Pour aller au-delà, pour se libérer totalement d’un état d’esprit fixe bien ancré en nous par l’éducation reçue, cela peut prendre un peu plus de temps et demander de la pratique et de la persévérance.

Quelques conseils concrets :

1/ Interrogez-vous d’abord sur vos croyances, sur votre état d’esprit, et ce dans différents domaines :

Croyez-vous que votre niveau d’intelligence est déterminé pour la vie ou que vous pouvez l’améliorer par le travail ?

Même question en remplaçant « intelligence » par « capacités sportives », « talent artistique », « capacités managériales », etc.

Vous souvenez-vous d’une activité que vous avez pratiquée et arrêtée face à la difficulté ?

Rappelez-vous une situation où vous n’avez pas réussi ou raté quelque chose : qu’avez-vous pensé ? comment avez-vous réagi ?

Aimez-vous la difficulté ?

Aimez-vous les défis ?

Êtes-vous facilement jaloux des personnes qui réussissent mieux que vous ?

Avez-vous tendance à étiqueter vos enfants, les personnes autour de vous (« l’artiste », « le scientifique », etc.) ?

Ces questions pourront vous aider à déterminer où vous vous situez entre l’état d’esprit fixe et l’état d’esprit de développement, dans chaque domaine.

2/ Imaginez et visualisez ce que vous feriez si vous aviez un état d’esprit de développement dans diverses situations concrètes :

Face à un échec

Dans un moment de découragement

Lorsque vous êtes confronté à une difficulté

Etc.

Imaginez ce que vous penseriez et comment vous agiriez si vous aviez un état d’esprit de développement : Et si cet échec ne disait rien de moi, de ma valeur, mes qualités ? Et si j’étais capable de réussir au-delà de ce que j’imagine aujourd’hui ? Et si je prenais plaisir à l’effort, à affronter les défis, la difficulté, comment ce serait ?

3/ Pratiquez l’état d’esprit de développement, pas à pas, au quotidien :

Lancez-vous dans quelque chose que vous avez toujours voulu faire mais dont vous ne vous êtes jamais cru capable.

Face à une difficulté, petite ou grande que vous pouvez rencontrer dans votre quotidien, dans votre vie personnelle ou professionnelle, efforcez-vous de persévérer.

Prenez plaisir à l’effort.

Lancez-vous des défis.

Comment transmettre l’état d’esprit de développement

Un enseignant ou une enseignante qui croit que le résultat aux premiers tests de l’année détermine le niveau de l’élève de façon définitive, voire même son avenir, va transmettre son état d’esprit fixe à ses élèves et par là-même ne pas encourager les élèves en difficulté à réussir, qui ne vont alors pas progresser.

Au contraire, un enseignant ou une enseignante à l’état d’esprit de développement va transmettre à ses élèves la croyance en la capacité à devenir plus intelligent, et grâce à cela va réussir à faire progresser ses élèves, parfois même de façon spectaculaire, comme l’ont démontré les expériences menées par Carol Dweck.

Au cœur de l’état d’esprit de développement : le fait de croire en la capacité de tous les élèves à apprendre, et à apprendre des choses difficiles.

La clé pour obtenir les meilleurs résultats selon Carol Dweck est de mettre en place de hautes exigences, une atmosphère de soutien et de confiance (et non de jugement ou de punition), et de donner aux élèves les moyens d’atteindre ces exigences.

6. Mon avis sur le sujet

Une grille de lecture intéressante si on y ajoute de la nuance

La théorie des états d’esprit de Carol Dweck apporte, je trouve un éclairage intéressant sur les pensées et comportements face à l’effort, la réussite et l’échec.

Elle donne une grille de lecture utile pour décoder nos actions et celles des autres.

Surtout, elle met en lumière des blocages que nous avons intériorisés depuis l’enfance, dans notre société qui aime tant les cases et les étiquettes.

Prendre conscience de ces blocages, de ces croyances limitantes, est un premier pas majeur, un pas de géant sur le chemin pour s’en libérer, pour libérer pleinement notre potentiel et optimiser nos chances de réussite.

Cependant, tout cela est à prendre avec précaution.

Si Carol Dweck elle-même indique qu’il peut exister toutes sortes d’intermédiaires et de combinaisons entre les deux états d’esprit, le livre met l’accent sur des exemples extrêmes qui peuvent donner l’impression d’une dichotomie absolue, d’un monde en noir et blanc où il n’y a pas de place pour la nuance.

Elle va jusqu’à citer des exemples de personnes qui prennent plaisir à affronter la difficulté et l’échec – notamment une fiancée qui se met à danser le jour de son mariage, alors qu’elle vient d’apprendre que le fiancé ne viendra pas…

Il me semble que ce qu’il manque dans cette théorie, c’est une place pour les émotions.

Un ingrédient qui manque : les émotions

Que ce soit dans mon expérience, ou dans les innombrables témoignages que j’ai écoutés ces dernières années au fil de podcasts notamment, témoignages d’entrepreneurs, entrepreneuses, de personnes qui ont réalisé toutes sortes de projets ambitieux, qui se sont dépassées et ont dépassé toutes les attentes… par tous ces exemples donc, j’ai pu faire un double constat :

  • Effectivement, il n’y a pas de réussite sans effort ou sans résilience face à l’échec. Essentiellement tous les succès dans tous les domaines sont le résultat de longues années de travail et de persévérance, des parcours semés d’obstacles et de difficultés à franchir.
  • Cependant, surmonter les échecs et revers de la vie ne signifie pas que cela se fasse toujours dans la joie et le plaisir.

L’échec engendre le plus souvent des émotions négatives. Il serait à mon sens dangereux de le nier, de vouloir appliquer à froid une version idéalisée de l’état d’esprit de développement refusant de ressentir ces émotions négatives, et accueillant l’échec dans la joie et l’enthousiasme.

Certes, avec beaucoup d’expérience, de pratique et après avoir traversé beaucoup de difficultés, on peut être capable de faire face à certaines difficultés sans en être trop affecté.

Cependant, il me semble que personne n’a jamais sauté de joie à l’idée d’être abandonné par son conjoint ou sa conjointe le jour de son mariage, ni à l’idée de perdre un membre suite à un accident… A moins d’avoir une forme pathologique d’absence d’empathie ou d’incapacité à ressentir des émotions !

La capacité à rebondir, à mon sens, ne consiste pas à nier les émotions négatives face à un échec mais plutôt à les accepter, les accueillir, les traverser pour les dépasser et en ressortir plus fort, plus lucide.

Face à un échec, c’est en acceptant la tristesse, la douleur, la honte, avec bienveillance envers soi-même, qu’on va avancer. On se libère pour pouvoir dans un deuxième temps retrouver l’énergie, l’enthousiasme, l’envie de surmonter cela. On retrouve le goût de l’effort et la capacité à se remettre en question pour aller toujours plus loin.

C’est mon histoire : la question de l’estime de soi

Si le livre de Carol Dweck explique pas mal de comportements, j’ai eu du mal pour ma part à savoir dans quelle « case » me ranger : état d’esprit fixe ou état d’esprit de développement ?

Depuis mon enfance, j’ai été encouragée par mes parents à travailler toujours plus, toujours mieux. Comme beaucoup d’enfants  -et de petites filles, j’ai pris ça à la lettre – cherchant à faire plaisir et à réussir.

Ma devise a longtemps été : « quand on veut, on peut ».

Je n’ai jamais cru en un talent inné concernant les disciplines scolaires – j’ai toujours travaillé d’arrache-pied et cru en la corrélation directe entre travail et réussite.

Selon Carol Dweck, j’aurais donc un état d’esprit de développement.

Pourtant, j’ai toujours eu une peur terrible de l’échec – je l’ai toujours refusé, je l’ai toujours craint et très mal vécu – et je lutte encore aujourd’hui contre l’idée ancrée que si j’échoue c’est toute ma valeur qui se dissout – ce qui selon Carol Dweck est un trait de l’état d’esprit fixe. 

Ce paradoxe est dû à mon sens, au manque de prise en compte des émotions et de l’estime de soi dans la théorie de Carol Dweck.

Avoir peur de l’échec et le vivre mal, avec des émotions douloureuses, n’a jamais eu pour conséquence de me faire baisser les bras suite à un échec : je n’ai jamais renoncé, j’ai toujours cherché à m’améliorer, à me remettre en question, etc.

Pour progresser, il ne s’agit pas pour moi de remettre en cause mon état d’esprit, mais plutôt d’apprendre à renforcer mon estime de soi, à croire en ma valeur, indépendamment de mes actions, indépendamment du regard des autres.

Il me semble que c’est une nuance importante à apporter à la théorie de Carol Dweck. Peut-être que comme beaucoup de personnes, et tout particulièrement de personnes socialisées en tant que femmes, vous avez une faible estime de vous-même, voire un « syndrome de l’imposteur » : vous sous-estimez vos capacités et doutez facilement de vous-mêmes, jusqu’à avoir l’impression de ne pas être à votre place.

La clé de la réussite ne consistera pas alors à chercher à aimer l’échec ni vous remettre encore davantage en question, comme on pourrait le conclure à la lecture du livre de Carol Dweck. Cette attitude risquerait plutôt de conduire à la dépression…

Le développement de votre plein potentiel nécessitera dans ce cas plutôt un travail sur l’estime de soi pour vous libérer d’une voix intérieure trop dure avec vous-même.

S’autoriser à explorer de nouveaux domaines

A la lecture du livre de Carol Dweck, je me suis rendu compte que dans certains domaines – pour tout ce qui est manuel, créatif, ou artistique – j’avais l’idée qu’on a du talent ou pas, qu’on est fait pour ça ou non : un bon état d’esprit fixe, donc !

J’ai aujourd’hui changé d’avis sur ce sujet, notamment grâce à Carol Dweck : j’ai intégré pleinement l’idée que, peu importe le domaine, on a tous un potentiel immense, qu’on peut libérer, développer à forcer d’efforts et de persévérance, à la seule condition de croire en soi.

Cette prise de conscience m’a permis d’oser me lancer dans certaines activités manuelles et créatives. Je lutte encore contre mes croyances anciennes – mais oser m’y confronter, oser m’autoriser à explorer ces nouveaux champs est un véritable délice, une libération.

Développement personnel et état d’esprit de développement

Enfin, il est un domaine que Carol Dweck n’aborde pas dans son livre mais où ses enseignements me paraissent s’appliquer de façon pertinente : le développement personnel.

Je crois profondément qu’on peut changer nos pensées, nos croyances, nos comportements, notre personnalité même, à condition de faire des efforts répétés, de persévérer – et d’y croire.

Si je l’affirme ainsi, c’est que j’en ai fait l’expérience, avec des résultats parfois spectaculaires. J’y reviendrai.

C’est à mon sens une clé fondamentale d’accès à la liberté : croire en la plasticité du cerveau et en notre capacité à changer.

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